Les béryls sont appréciés depuis l’Antiquité et sont toujours très populaires en raison de leurs teintes variées.
Le terme Béryl provient du grec beryllos et du latin berryllus, désignant des pierres blanches brillantes.
Le béryl est un silicate d’aluminium et de béryllium Be3Al2(Si6O18) dont les cristaux peuvent se former naturellement de trois façon :
1- par l’intrusion de magma dans les failles existantes des roches plus anciennes (pegmatites) et un long refroidissement propice à la formation de gros cristaux (tous les béryls sauf l’émeraude).
2- par la combinaison de forte pression et de haute température qui entraine la dissolution de roches existantes, la diffusion d’éléments chimiques à travers les roches environnantes et au final à la recombinaison des éléments chimiques nécessaires à la formation de nouveaux cristaux (processus métamorphique). Certaines émeraudes peuvent se former ainsi.
3- par des solutions aqueuses chaudes qui déposent dans les fissures de la croûte terrestre les éléments chimiques qu’elles transportent. Une sursaturation en éléments chimiques le long des parois des fentes permet la cristallisation (processus hydrothermal). Certaines émeraudes peuvent se former de cette ainsi.
Le béryl appartient au système cristallin hexagonal. Il possède 7 axes de symétrie : 6 axes d’ordres 2 et 1 axe d’ordre 6 (axe vertical noté c). Le Cristal brut se présente souvent sous un habitus prismatique hexagonal allongé, avec les faces souvent cannelées ou striées verticalement (parallèle à l’axe principale c), pinacoïde simple ou bipyramide hexagonale tronquée.
Les cristaux peuvent avoir des dimensions importantes.
Lors de la cristallisation certains ions d’aluminium peuvent être remplacés dans le réseau cristallin par des ions métalliques extérieurs. Cette substitution partielle donne la coloration au béryls, qui à l’état pur est incolore. Dans cette famille chaque variété à un nom spécifique associé à une couleur.
Nous trouvons : l’Emeraude, l’Aigue-marine, la Morganite, l’Héliodore, la Goshénite, la Bixbite. aussi que le béryl vert, jaune et brun-noir.
Avec une dureté de 7,5 à 8 sur l’échelle de Mohs (voir le Glossaire), les béryls sont parfaitement adéquats pour être montés en bijoux.
Emeraude.
Les mines d’émeraude de la reine Cléopâtre sont légendaires. Cette variété de béryl est utilisé dans les bijoux depuis l’Antiquité (civilisations du bassins méditérranéen, Asie centrale, civilisations précolombiennes …).
Le nom provient du grec smaragdos désignant les pierres de couleur vertes.
Cette pierre précieuse est toujours de couleur verte, de vert pale à plus soutenu, parfois légèrement bleutée.
Elle doit sa couleur au chrome Cr3+ et/ou au vanadium V3+.
Cette gemme fait très souvent l’objet d’un traitement pour combler les fissures et craquelures atteignant la surface, et ainsi en améliorer la transparence. Du simple traitement par huilage, utilisé depuis des décennies et admis ; à l’usage plus récent des résines synthétiques. Le type de traitement et la quantité utilisé aura bien évidemment une incidence sur le prix de la pierre. Sans traitement de nombreuses émeraudes ne seraient tout simplement pas commercialisées.
Si l’émeraude classique n’est pas rare, il convient cependant de mentionner que l’émeraude trapiche (dernière photo ci-dessous) de par son processus de formation complexe, est bien plus rare et chère.
Les émeraudes ont été synthétisées de façon industrielle à partir des années 1950 et le sont toujours. Ce béryl de synthèse est celui que l’on retrouve le plus souvent sur le marché.
Principaux gisements : Colombie, Zambie, Ethiopie, Pakistan, Afghanistan.
Toujours très convoitée, on la retrouve en qualité commerciale dans les bijouteries et dans sa meilleure qualité dans les joailleries.
Aigue-marine.
C’est la variété bleu du béryl. Son nom évoque l’eau de mer et sa couleur va du bleu pâle au bleu foncé, bleu-vert. Cette gemme doit sa couleur au fer Fe2+ ou à une irradiation naturelle. L’aigue-marine se rencontre souvent en long cristaux prismatiques. Les gisements sont nombreux et les principaux se trouvent au Brésil, au Pakistan, à Madagascar. Nigéria, Inde, Mozambique…
Beaucoup d’aigues-marines sont traitées par chauffage d’un béryl bleu pâle, verdâtre ou jaunâtre. Ce traitement est stable.
Contrairement à l’émeraude, il est bien plus facile de trouver des aigues-marines limpides et sans inclusions. L’intensité de la couleur est très variable et les pierres pures d’un bleu ciel soutenu seront plus valorisées que celles pures mais d’un bleu très pâle presque incolore.
Morganite.
C’est la variété rose, rose-pêche, rose-orangée du béryl. Elle doit sa couleur au manganèse Mn2+.
Les cristaux sont souvent hexagonaux aplatis, tabulaires, avec les faces tronquant les pinacoïdes. Les gisements de morganites sont peu nombreux : Brésil, Madagascar, Pakistan, Afghanistan et quelques autres de moindre importance.
La morganite se rencontre parfois en joaillerie.
Héliodore.
le nom de cette variété de béryl vient de mots grecs signifiants : don du soleil . Sa couleur est due au fer ferrique Fe3+ ; et va du jaune citron pâle au jaune doré, jaune-verdâtre. Les cristaux forment des prismes hexagonaux allongés ou trapus aux extrémités parfois corrodées.
Ces cristaux peuvent atteindre des tailles importantes mais sont fréquemment fissurés et inclus. Les gisements d’héliodore sont peu nombreux et souvent associés à ceux de l’aigue-marine. Cette gemme se trouve principalement au Brésil, à Madagascar, au Mozambique, en Namibie, Russie. Un traitement par irradiation permet d’améliorer l’intensité de la couleur.
Sa faible disponibilité la réserve à la joaillerie.
Goshénite.
C’est la variété incolore du béryl dont le nom est tiré de Goshen, le premier site connu dans l’état du Massachusetts aux Etats-Unis.
Les cristaux sont généralement de forme tabulaire et se trouvent souvent dans les mêmes gisements que les autres béryls.
Gisements principaux au Brésil, Canada, Etats-Unis, Mexique.
Bixbite.
Extrêmement rare, c’est la variété rouge du béryl. Le seul gisement connu est situé dans les Wah Wah Mountains de l’état de l’Utah aux Etats-Unis. La Bixbite aussi appelé béryl rouge (à ne pas confondre avec la Bixbyite) doit sa couleur au manganèse Mn3+. Les cristaux se présentent toujours en petits prismes hexagonaux allongés terminés par deux pinacoïdes. Les cristaux sont le plus souvent seulement translucide et rarement de qualité gemme. Les pierres taillées de plus d’un carat sont très fortement valorisées et rares.
Béryl jaune.
Ce béryl est de couleur jaune clair et doit sa coloration au fer ferreux, ici présent en moindre concentration que dans l’héliodore.
Les gisements sont identiques à ceux de l’aigue-marine et de l’héliodore soit le Brésil, Madagascar, l’Inde, le Pakistan, et la Russie principalement.
Le béryl jaune est le plus souvent chauffé pour lui faire prendre une teinte bleu et le vendre sous le nom d’aigue-marine.
Le béryl jaune naturel non traité est rarement proposé.
Béryl vert.
Ce béryl est de couleur vert clair, une couleur bien différente de celle de l’émeraude, sa couleur est due aux impuretés de fer ferrique Fe3+ et fer ferreux fe2+.
Les gisements sont identiques à ceux de l’aigue-marine et de l’héliodore soit le Brésil, Madagascar, l’Inde, le Pakistan, La Russie principalement.
Le béryl vert et souvent chauffé pour lui faire prendre une couleur bleutée.
Béryl brun-noirâtre.
Contrairement à tous les béryls précédents, ce béryl ne doit pas sa couleur à un élément chimique présent dans la structure atomique de la gemme mais à de très nombreuses inclusions d’ilménite réparties dans toute la pierre et lui donnant sa couleur sombre. L’ilménite est un oxyde de fer et de titane de couleur brun foncé à noir que l’on trouve dans les pegmatites et les veines hydrothermales. Gisements connus au Mozambique, Madagascar, Inde.
Il convient de bien garder à l’esprit que les pierres de synthèse sont nombreuses sur le marché. Les béryls n’y échappent pas : émeraude notamment, mais aussi béryl rouge. Attention aux imitations et à la confusion possible avec d’autres gemmes.
Comme pour tout achat d’une pierre gemme, l’acheteur devra être vigilant sur où et auprès de qui, il effectue son achat.
— Ω —